A l'approche de la trentaine,
J’ai découvert le skateboard en 1995 à l’âge de 10 ans. C’était quasiment la 1ère vague de skater professionnel en France . Influencé par le mouvement hip-hop on portait tous des baggys et des t-shirts double- XL, ce qui m'allait très bien car à cette époque il n'y avait pas encore de vêtements pour kids.
On coupait les languettes de nos anciennes chaussures afin de les rajouter à la nouvelle paire pour avoir plus d'allure, une chaussure toute gonflée, même que, si je me souviens bien, on ne faisait pas les lacets, on les rangeait au fond à l'intérieur : idéal pour se tordre les chevilles à chaque trick de tenté. On les skatait jusqu'à épuisement, même la shoegoo ne résistait pas.
C'était les débuts des boards new school, avec de toutes petites roues. Limite, on roulait sur les roulements !!
il est important de faire un point sur les années passées, surtout quand tu en as passé la moitié sur ta planche à roulettes. Quand tu croises un rouliplanchiste dans la rue, ou que tu tombes sur une vidéo de skate, tu sens que tu as pris un coup de vieux et que tu n'as plus rien à voir avec cette nouvelle génération qui te regarde comme un fossile. Eh oui, tu es devenu un partisan du "C'était mieux avant".
Tu prends du plaisir à faire de la courbe:
Tu as toujours pratiqué le street pur et dur, mais faut avouer que c'est crevant et ça fait mal. Tu ne récupères plus comme avant. Du coup tu sors de temps ta board de street pour faire du flat, et puis c'est tout!
Tes modèls avaient un vrai Charisme (oui, avec un grand C):
Tom Penny, Kareem Campbell, Guy Mariano, Eric Koston, Rick Mc Crank, Willy Santos, Steve Berra, Mike Vallely , Bam Margera ou meme des rider Français comme Jérémie Daclin, JB Gillet, Hamid Bahri. Stephane Larance, Seb Daurel, Pierre Favre, Bastien Salabanzi, Luy Pa Sin, Soy Panday, Hugo Liard.... Rien à voir cette nouvelle génération de rider de street league.
Tu ne supportes pas la nouvelle génération:
Alors que quand tu étais minot tu galérais à passer ton premier flip, tu vois désormais des kids de 10 ans prendre des curbs en switch flip back crooked mollie tré out. Et tout ça avec des pantalons tellement serrés qu'ils peuvent à peine respirer. Oui, tu es un peu jaloux.
Ta haine envers les trottinettes:
Depuis quelques années, un fléau sévit sur les skateparks, l'arrivée des trottinettes. Désormais, tu passes ton temps à éviter ces cons de gamins qui s'élancent de tous les modules sans regarder devant eux en se rappelant avec nostalgie du temps ou tu pouvais skater pépère avec 2 ou 3 mecs en roller pas trop chiants.
Tu soutiens et as soutenu les marques françaises:
Le skate c'est avant tout un milieu de potes, une grande fratrie. En tout cas à ton époque. C'est pour ça que tu essayais d'acheter un maximum ton matos chez des Français. Tu as d'ailleurs versé une larme quand Cliché déménagea aux USA.
Tu resteras à jamais un amateur de skate punk:
Pour toi le skate punk reste la seule vraie musique d'un clip de planche. A la limite un peu de hip-hop ou du rock crado, mais avant tout du punk.
Aujourd'hui ça à bien changé mais tu ressors souvent des vieux Millencollin, Bad Religion, Uncommonmenfrommars ... Et systématiquement ça te donne envie de ressortir ta vieille planche usée.
Tu ne jures plus que par des Nike Janoski:
Après avoir passé des années à limer tes Sk8 Hi et à cracher sur les marques de sport qui n'ont jamais œuvré pour le skateboard, tu es passé du côté obscur et tes petits pieds ne peuvent plus se passer du pro model Nike de Stefan Janoski. Et en après-skate tu portes des Nike air 1, et pendant toute ces années tu assimilais ça aux rats de ton quartier !!
La société de consommation à enfin réussi à t'avoir.
Peut-être est-il bon de la redéfinir, car la skate culture ce n'est pas Nike et ses 80% de parts de marché dans le skate, ce n'est pas la StreetLeague et ses cheques de 100'000$, ce n'est pas Vans racheté par Lee Cooper ( entre autre ), ce n'est pas Volcom racheté par La Redoute, ce n'est pas DC racheté par Quiksilver, ce n'est pas Huf, petit caprice d'un miliardaire Coréen, ce n'est pas Adidas et ses shoes de foot pour le skate, ce n'est pas Girl, Chocolate & co made in China , ce n'est pas Supreme et ses hordes de resellers... la skate culture c'est trois inconnus qui déchirent le park tous les soirs... On est bien ( trop ) loin des années Rocco !
Sans parler du business des boissons énergétiques.
Tu as connu une flopée de magazines posthumes:
Freestyler, Tricks, Ride one... Des noms inconnus de la nouvelle génération qui se régale sur les Internets avec plein de très bon webzine. Bon d'un côté c'est pas si grave, sauf pour Freestyler qui me manque.
D'ailleurs, tu n'en achètes plus du tout et ne lis que la presse gratuite.
Tu te retrouves souvent avec Soma et Beach Brother entre les mains, tu les feuillettes à l'occasion mais tu ne retrouves pas le frisson de tes 15 ans. Du coup ils finissent tout le temps aux toilettes.